- " Une malédiction particulière semblait affiger les khmers : les sources de leur violence n'étaient jamais taries ; simplement recouvertes, elles croupissaient sous une dépendance croissante à l'égard de la magie et de la superstition.
Pendant la guerre de 1970-1975, les films les plus populaires racontaient des intrigues historiques où les rois d'Angkor décapitaient leurs ennemis et pratiquaient l'occultisme.
La fameuse douceur khmère fut, pendant cette guerre, moins un signe de mansuétude que de passivité. Le monde extérieur devenant incontrôlable, les Cambodgiens se réfugiaient dans un monde intérieur animiste, peuplé d'esprits, un royaume exotique où charmes et amulettes apportaient le réconfort face à des catastrophes incompréhensibles.
Mais lorsque la réalité de la politique internationale et de la guerre fit surface, la réaction fut violente.
Quand les révolutionnaires de Pol Pot arrivèrent, les habitants de Phnom Penh les trouvèrent " noirs" et ces hommes "noirs" choisirent comme victimes les citoyens "blancs comme jade" de la ville". / E. Becker, p79-80.